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Rencontre avec Jerry Bovier, propriétaire de l’Hôtel-Restaurant de la Cambuse

Nom : Bovier

Prénom : Jerry

Âge : 56 ans

Vit à : Les Collons (VS)

Statut : Divorcé, 2 enfants

« Notre défi ? Attirer autant de personnes l’été que l’hiver ! »


Thyon, Jerry Bovier l’a vu naître et grandir jusqu’à aujourd’hui. Sa famille fut l’une des premières à posséder un terrain dans la station il y a plus de 50 ans. Une petite buvette baptisée « Les Gentianes » a vu le jour dans les années 1960. C’est le début d’une belle aventure pour Jerry qui grandira aux côtés des travailleurs locaux puis des touristes qui se relayaient aux tables du petit restaurant de son père. Au fil des années, le succès de la buvette permet aux Bovier de voir plus grand et de construire « La Cambuse », un hôtel-restaurant comportant 12 chambres et un dortoir de 18 places. Jerry gère aujourd’hui l’établissement aux côtés de son fils, Dylan et sa compagne, Rodica.


Quels sont vos souvenirs de vos premières années à Thyon ?


En fait je suis né avec « La Cambuse ». Mon père travaillait à la Grande-Dixence comme beaucoup de personnes de la vallée. Ses huit années passées sur le chantier lui ont permis de mettre un peu d’argent de côté et il a pu s’acheter un terrain ici aux Collons. La commune de Vex avait fait un plan d’aménagement des Collons et elle vendait des parcelles. Il faut s’imaginer qu’à l’époque, dans les année 60, il n’y avait encore rien ici, même pas de route d’accès ! La clause dans le contrat avec la commune était que l’on devait obligatoirement construire quelque chose sur notre terrain dans l’année qui suivait. Mon père –qui n’avait plus assez d’argent pour construire- possédait des camions et travaillait sur Genève. Il a réussi là-bas à racheter pour seulement 500 francs un baraquement de chantier dans lequel des travailleurs étrangers habitaient. Il a ramené les pièces ici en Valais et a ainsi crée « Les Gentianes ».


Pourquoi ne pas avoir gardé ce nom par la suite ?


En fait les premières personnes qui venaient aux « Gentianes » surnommaient le lieu « La Cambuse », ce qui signifie « petite cabane de montagne un peu déglinguée » (rires). C’est vrai qu’il s’agissait à l’époque d’une baraque de chantier ! Alors au bout de six mois, mon père a changé le nom et a appelé sa buvette « La Cambuse ». Il a exploité l’établissement durant près de 5 ans durant l’hiver, et avec l’argent obtenu il a crée les fondations de l’actuel hôtel-restaurant. Nous avons ensuite rénové notre établissement tous les quatre ans.


Y avait-il déjà des remontées mécaniques dans ces années-là ?


Il y en avait seulement deux ! Le Theytaz I et le Theytaz II.


Quand avez-vous repris l’hôtel-restaurant ?


J’ai fait un apprentissage de cuisinier à Thyon 2000 et ensuite j’ai travaillé quelques années au Continental à Sion. Après quelques expériences à l’étranger et un passage à l’Ecole hôtelière de Genève et dans les avions de la compagnie « Swissair » j’ai repris le business de mon père en 1995.


Quel bilan tirez-vous de vos 22 ans à la tête de « La Cambuse » ?


C’est une aventure toujours autant excitante ! « La Cambuse » s’est développée en parallèle des sports d’hiver et nous avons réussi à améliorer continuellement nos infrastructures. Notre « outil de travail » est ainsi resté au goût du jour et intéressant. On sent toutefois depuis maintenant trois ans que le ski n’intéresse plus autant de monde. Le nombre de skieurs a baissé un peu dans la station et je pense que nous devons aujourd’hui essayer d’attirer les touristes sur toute l’année et non plus seulement durant la saison d’hiver.


Quels sont vos défis actuels en tant qu’hôtelier-restaurateur à Thyon ?


Nous devons investir de plus en plus sur un marché où les prix ont tendance à se tasser. Nous sommes « mangés » par Internet et les sites de réservation de logements en ligne. La situation est difficile car nos offres sont aujourd’hui comparées plus rapidement qu’avant aux offres venant de nos pays voisins comme l’Autriche ou la France. Et avec les coûts fixes que nous avons en Suisse, cela devient compliqué. Les portails de réservation en ligne sur Internet prennent de plus en plus de part de marché et leur fiscalité n’est pas située en Suisse ! Donc l’argent qu’ils récoltent n’est jamais réinvesti comme nous le faisons dans les infrastructures de la station. Les politiciens suisses sont au courant de cette problématique mais ils n’agissent pas.


Que pouvez-vous faire pour contrer cette tendance ?


L’association des hôteliers valaisans a crée la plateforme « Booking Valais » pour essayer de récupérer les parts de marché perdues au profit des portails de réservation en ligne étrangers. Mais ce n’est pas si simple car nos concurrents sont forts et nous comptons sur la participation de tous les hôteliers du canton ! Les Autrichiens sont plus solidaires entre eux et ils s’en sortent bien mieux que nous par rapport aux « mastodontes » d’Internet. Nous avons un gros défi en perspective et les politiciens doivent maintenant nous soutenir dans notre démarche !


Vous faites beaucoup plus de marketing qu’avant ?


Oui clairement ! Il y a 20 ans on attendait que le téléphone sonne et on remplissait facilement notre établissement. C’est tout ce qu’on faisait comme marketing ! Maintenant il faut se profiler et c’est beaucoup plus compliqué. Sur 50 offres que vous envoyez par e-mail aujourd’hui vous en réalisez 15 alors qu’avant vous en réalisiez 45 !


Est-ce que votre clientèle a beaucoup évolué avec le temps ?


J’ai toujours eu des habitués mais mon souhait est de renouveler un peu ma clientèle. Les clients ne reviennent plus comme avant chaque année au même endroit. La nouvelle génération a d’autres habitudes de consommation. C’est un peu le « zapping » et les jeunes bougent beaucoup plus et réservent de plus en plus tard. Les séjours se raccourcissent et nous devons aujourd’hui nous adapter.


Comment faites-vous pour vous démarquer de vos concurrents ?


Notre produit de fidélisation est le ski et nous sommes à seulement une dizaine de mètres des remontées mécaniques ! C’est donc notre premier argument et nos clients répondent favorablement à nos offres pour le moment. Mais c’est vrai que nous devons aujourd’hui réfléchir à développer la station également l’été. Nous dépendons aujourd’hui à 85% de l’hiver et nous devrons inévitablement descendre à 60%. Notre tourisme doit être annuel.


La face caché de Jerry Bovier : le ski acrobatique


Peu sont ceux qui connaissent le passé sportif plutôt atypique de Jerry ! Entre 16 et 22 ans, le Valaisan a fait partie de l’élite suisse de ski acrobatique et a même été jusque dans les Emirats Arabes pour des démonstrations publiques.


Pourquoi le ski acrobatique ?


Et bien à notre époque nous n’avions pas de snowpark ! J’avais fait beaucoup de ski de compétition avec quelques courses en Coupe d’Europe en compagnie de l’équipe suisse espoir. Et puis un jour j’ai trouvé le ski alpin un peu trop cadré. C’était le début du « freestyle », du ski acrobatique. Avec une équipe de copain, nous nous sommes lancés dans ce nouveau sport et nous avons fondé un groupe local à Thyon qui s’appelait « Acromoon ». Nous faisions des démonstrations toutes les fins de semaine en face de Thyon 2000. Il y avait à chaque fois beaucoup de monde ! Nous nous étions aussi équipés pour faire des spectacles nocturnes.


Jusqu’où votre pratique du ski acrobatique vous a mené ?


Un jour, le « Marlboro Ski Show » (tour de démonstrations de ski acrobatique en France, Norvège, Belgique et Bulgarie) nous a repérés et deux d’entre nous ont rejoint les skieurs du tour durant six ans en tant que professionnels. En parallèle, nous avions remporté en équipe le titre de champions suisses de ski acrobatique à Thyon en 1983 ! Nous nous étions investis à fond pour organiser cet événement dans la station juste en-dessus de la Cambuse, dans la Petite-Combe et sur le plat de Thyon 2000. Il y avait eu près de 100 participants.


Vous avez donc beaucoup voyagé grâce au ski acrobatique ?


On voyageait dans toute l’Europe avec le « Marlboro Ski Show ». On est même allé jusque dans les Emirats Arabes faire des démonstrations dans des hôtels ! C’était fou. Nous n’avions que 20 ans à cette époque. Nous faisions des « triples avec deux vrilles » quand même ! Aujourd’hui les meilleurs font des « triples avec quatre vrilles » et il s’agit essentiellement d’athlètes qui viennent du trampoline ou de la gymnastique. Ça n’a plus rien à voir avec notre époque (rires).

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