Je rejoins la petite cabane des patrouilleurs de Thyon un matin de février, en pleine période de haute saison dans la station. L’équipe s’active dès l’aurore pour assurer la sécurité et le sauvetage des skieurs, snowboardeurs ou autres amateurs de glisse qui dévalent souvent à des allures particulièrement élevées les pistes de la station. Aujourd’hui, c’est Oceane Montavon – 24 ans- originaire du Jura qui accepte de répondre à mes questions et de me raconter son quotidien. Elle est la seule femme au sein de l’équipe 2016-2017 ! Reportage.
Les patrouilleurs de Thyon tiennent leur QG au cœur du snowpark. Aujourd’hui, Oceane fait équipe avec Jean-Noël, Christian et Kévin. Ils sont toujours 3 personnes minimum par jour pendant cette période de la saison.
La journée démarre toujours avec l’ouverture des pistes à 8h. Les patrouilleurs et les employés de remontées mécaniques se répartissent le travail sur tout le domaine. Il faut placer les « ralentir » et autres signalisations importantes, contrôler le balisage et si le damage a bien été effectué.
Puis, les patrouilleurs ouvrent les portails de contrôle des abonnements du snowpark. Ils ouvrent aussi les sauts. Oceane est chargée aujourd’hui de remettre les piquets en mousse dans le « fun park », Elle en profite pour vérifier si les matelas de protection sont bien fixés. Tous ces matelas ont été placés par les patrouilleurs dans différents endroits de la station pour assurer la sécurité des skieurs.
Chaque patrouilleur est équipé d’un défibrillateur et d’oxygène, d’une radio, d’un sac d’intervention avec le matériel de premier secours, du matériel de secours en cas d’avalanche et une luge. Six luges sont en tout à disposition de l’équipe.
11h36 : Oceane est appelée à la radio. La patrouilleuse doit intervenir avec une luge au sommet du snowpark pour une urgence. Elle prépare donc le matériel avant de se rendre au téléski. Le tout, en seulement quelques minutes.
Un jeune snowboardeur s’est blessé au poignet dans le « fun park ».
C’est son moniteur qui a pu avertir les secours grâce aux panneaux situés le long de chaque piste qui indique le numéro à appeler en cas d’urgence.
Oceane évalue l’état du jeune garçon. Elle doit effectuer un « check » complet du patient pour évaluer la gravité de la blessure et décider de la suite de l’intervention : soit un déplacement en luge, soit un déplacement en hélicoptère ou un déplacement pris en charge par les proches du patient. Dans le cas présent, Oceane décide de conduire le snowboardeur en luge jusqu’à la station.
En bas des pistes, Oceane prend un bus pour amener le jeune blessé jusqu’au cabinet du Dr. Rudaz à Thyon 2000.
Sur place, elle s’assure que le blessé se porte bien et transmet son rapport au docteur avant de retourner sur les pistes.
QUELQUES CHIFFRES
Les patrouilleurs de Thyon comptent entre 200 et 250 accidents par saison. En période de haute saison, il arrive qu’ils interviennent à 9 reprises durant la même journée.
Questions à… Oceane Montavon, 24 ans, patrouilleuse saisonnière
Pourquoi avoir décidé de rejoindre l’équipe des patrouilleurs de Thyon cette saison ?
Je suis ambulancière de métier et cela faisait 5 ans que j’exerçais ce métier dans le Jura quand j’ai eu envie de changement. Et puis, je me suis dit « pourquoi pas postuler en Valais et faire du sauvetage en montagne? » J’ai contacté plusieurs stations et c’est Thyon qui m’a engagée cette saison. C’est comme ça que je me suis retrouvée à conduire une luge plutôt qu’une ambulance ! (rires)
Comment vous sentez-vous dans ce nouveau défi professionnel ?
Et bien c’est complètement différent de mon métier de base ! Nous nous débrouillons souvent avec les moyens de bord. Nous prenons en charge les patients sur des pistes de ski, ce qui nous demande sans cesse de nous adapter aux conditions météo. Il peut neiger, il peut faire froid. Physiquement, c’est aussi difficile de skier avec une luge. C’est vrai que j’étais plus gâtée dans les ambulances.
Vous êtes la seule femme de l’équipe, comment ça se passe ?
Oui je suis la seule « nana » ! Ca se passe vraiment bien et mes collègues sont adorables avec moi. Il n’y a pas de machisme entre nous.
Qu’est-ce que cette expérience a de différent par rapport à votre pratique en tant qu’ambulancière ?
Sur les pistes de ski, nous traitons beaucoup de cas « traumatiques », ce sont des épaules, ce sont des genoux, ce sont des luxations, des fractures et des commotions. Donc les blessures sont donc récurrentes pour nous en tant que patrouilleurs. Il me manque un peu le côté « médical » que j’ai dans ma pratique d’ambulancière. Les infarctus, les AVC, etc. Ce sont des choses que l’on côtoie très rarement sur les pistes.
Est-ce que vous avez envie de revenir la saison prochaine à Thyon ?
Pour le moment, j’en ai encore aucun idée ! J’étais venue ici pour une expérience d’une saison uniquement donc je vais attendre la fermeture des pistes pour prendre une décision. C’est vrai que c’est magnifique de se retrouver en montagne tous les jours, avec cette belle neige et ces journées ensoleillées. Ce sont des images que je n’oublierai jamais.
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